Ce moment tant attendu est enfin arrivé. Ce moment tant attendu de la sortie du premier film d’Alexandre Astier en tant que scénariste, réalisateur, acteur, monteur et compositeur. Un long moment que je l’attends ce premier film, attente mêlée d’impatience et de crainte. Crainte que le projet soit rejeté des critiques et boudé du public, ce qui mettrait en péril les projets futurs de messire Astier redevenu Arthur. Mais par-dessus tout, cette crainte ultime : et si je ne l’aimais pas ce premier film ?
Voici donc que la date fatidique du 29 août arrive. L’accueil presse est en grande majorité positif, le film fait le meilleur démarrage à Paris le jour de sa sortie. Première crainte plutôt rassurée. Restait la crainte ultime à laquelle je me suis confrontée ce week-end. Et j’ai la joie de t’annoncer, cher lecteur, chère lectrice, que cette crainte ultime fait partie du passé.
Comme tout créateur qui se respecte, Alexandre Astier fait ce qu’il sait faire le mieux, à savoir du Alexandre Astier. Sa grande force est d’installer des personnages, de leur donner toute la place. On a tout d’abord Madame Hansen (Isabelle Adjani), patiente d’une clinique suisse, donc huppée, souffrant de troubles de la mémoire suite à un choc émotionnel. Choc émotionnel dont elle se protège en l’oubliant consciencieusement. Comme elle, on ignore ce qui l’a amenée à construire cette barrière psychique. Comme elle, on ne sait pas qui l’a amenée à cette clinique. Comme elle, on ne sait pas pourquoi elle n’a pas de visites. Mais ce qui compte avant tout, c’est de découvrir la relation qui va se nouer avec David (Alexandre Astier), ergothérapeute fraîchement débarqué à la clinique et qui se retrouve avec Madame Hansen sur les bras pour une sortie shopping alors qu’il avait d’autres projets. Comme Madame Hansen, David se cache. Il se cache dans son métier en faisant tout ce qu’on lui dit, en respectant les règles, en obéissant bien sagement à ses supérieurs, en plaquant la même méthode quel que soit le patient. Il se cache aussi dans sa vie privée, en s’accommodant d’une routine, en supportant l’état émotionnel de sa fiancée Clémence (Julie-Anne Roth), en pleine crise familiale, et en faisant tout pour que l’anniversaire si spécial de son beau-frère Hugo (Victor Chambon) se passe comme prévu.
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